Les temps sont durs pour les espions… « M15 demande protection » (dont le titre original est (« The deadly affair ») est adapté d:un roman de John Le Carré. Et on retrouve dans le film de Sidney Lumet tout ce qui fait le style et l’univers de l’auteur de romans comme « L’espion qui venait du froid » ou « La taupe ». On est loin de James Bond. Les espions de John Le Carré vivent dans de modestes pavillons de banlieue londonienne. Ils n’ont pas beaucoup de relief dans leur personnalité et leurs attitudes quotidiennes. Et ils sont bien manipulés comme les pions d’un gigantesque échiquier politique ! Un brave fonctionnaire du Foreign Office est soupçonné de sympathie communiste. Un de ses amis, lui aussi agent secret, est chargé de l’enquête. Après une paisible rencontre entre les deux hommes, le « soupçonne » se suicide. Suicide ou meurtre ? En poussant plus loin son enquête, pour comprendre et dissiper son sentiment de culpabilité, l’ami du « suicide » va découvrir une étonnante machination. Sidney Lumet a choisi une image aux couleurs reflétant la médiocrité de l’univers de ces agents secrets. Et il s’est offert une poignée de vrais comédiens, qui savent jouer dans l’émotion et l’intensité. Les face à face en sourdine entre Signoret et Mason sont de beaux moments de thriller d’espionnage.

Le the au harem d’Archimède, réalisation Mehdi chalef

Le the au harem, c’est ainsi qu’un jeune beur, à l’école communale, comprend le mot « théorème ». Ce plaisant calembour est déjà le titre du roman de Mehdi Chalef, que lui-même a porté à l’écran à l’instigation de Costa-Gavras. Jusque-là, on n’avait guère de l’occasion de les voir au cinéma, ces « immigrés de la deuxième génération » qui n’ont donc jamais connu que la France, et qui vivent pour la plupart dans les grands ensembles de la banlieue parisienne. Voici une chronique réaliste et lucide de leur vie, vue de l’intérieur. Mais ne croyez surtout pas que le réalisateur pratique le prêchi-prêcha humaniste ou militant.