Dernière minute

François Léotard a annoncé, le 14 mai dernier, la suppression de la redevance sur les magnétoscopes. Elle ne deviendra effective qu’avec la loi de finances de 1987. Nous reviendrons sur cette excellente décision et sur l’influence prépondérante de notre pétition à Jacques Chirac dans notre prochain billet.
Le conflit divise la rédaction de Vidéo 7 en deux. La cohabitation n’est pas plus facile ici qu’ailleurs. C’est un véritable état de crise qui s’installe depuis le 16 avril (date de sortie de ce film-événement). On encense ou on méprise. On ricane ou on glorifie. Mais personne ne reste indifférent. À l’origine de tant de bruit et de fureur, le nouveau film d’Adrian Lyne (« Flashdance »), « Neuf semaines et demie », avec Mickey « L’année du dragon » Rourke et surtout, surtout Kim « Le meilleur » Basinger. La créature la plus complètement super, BCBG, fondante, délicieuse, émouvante, fragile, pure, sensuelle, provocante, sublime, attendrissante, perverse, délicate, superbe qu’on ait vue depuis longtemps sur un écran de ciné. Déjà resplendissante dans « Le meilleur » aux côtés de Robert Redford, remarquée dans « Jamais plus jamais »avec Sean Connery et dans « L’homme qui aimait les femmes » avec Burt Reynolds, elle était très attendue au Festival de Cannes où l’on présentait son dernier film « Fool for love » de Robert Altman. Kim est un cas. Personne n’aurait jamais imaginé qu’elle accepte de jouer le rôle d’Élisabeth, qui dans « Neuf semaines et demie » succombe au charme vénéneux de John (Mickey Rourke). Cette styliste branchée devient la femme-objet, puis l’objet de plaisir de cet étrange informaticien qui a plus d’un tour dans son sac et plus d’un fantasme dans sa tête. Ces amants fabuleux vont aller au bout de leur passion, qui durera exactement « Neuf semaines et demie » d’où le titre. Et le scandale. Mal accueilli aux USA, le nouveau film d’Adrian Lyne a été pris avec des pincettes par la critique française. Tendance générale : « c’est vide, gratuit, inconsistant. Il ne reste rien après la projection ». IL ne reste rien, c’est vrai, à part le sentiment d’avoir été totalement frimé, séduit, accapare et conquis par la prodigieuse technique de Lyne et sa succulente interprète. OK, « Neuf semaines et demie » n’est pas une œuvre de cinémathèque. Si le message n’a rien d’intellectuel, c’est le truc le plus pervers, le mieux filmé dans le genre, le plus esthétique et le plus drôle aussi qu’on puisse voir cette saison sur les écrans. C’est un gigantesque, phénoménal et génial clip consacré à la passion, au désir, aux plaisirs des sens. La meilleure façon de flasher. Avec « Neuf semaines et demie» nous entrons de plain-pied dans le nouvel univers de l’audiovisuel, tel qu’il existe déjà dans la pub (vachement à la mode, le style pub, pourtant !) et tel qu’il s’installera de plus en plus au cinéma, après « Flash dance » ou « Les rues de feu » pour ne citer qu’eux. Alors, pourquoi tout ce ramdam ? Pour un banal film érotique ? Erreur, docteur, « Neuf semaines et demie » n’a rien de banal ni d’érotique. L’érotisme est un genre enfermé dans les contraintes et les lois de la fabrication de grande série. On se souvient encore des médiocres Emmanuelle 3, 4 et bientôt 5, des Joy, des Fanny Hill. De la petite confection à côté de « Neuf semaines et demie » qui appartient à la haute couture. C’est l’univers qui dérange les pères la pudeur et les coincés toutes catégories.

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