Cinq millions de dollars pour un film

Gary CooperEn Italie, on le surnomme le Cigarillo. Un comble ! Dans la vie, il ne fume pas. En 1966, Vittorio de Sica estime qu’il est devenu le nouveau Gary Cooper. Il passe aux actes. Clint a pour partenaire Silvana Mangano dans un sketch des «Sorcières». Retour en Californie, à la conquête de l’Ouest. John Wayne avoue : «Parmi les acteurs de la nouvelle génération, c’est en Clint Eastwood que je place le plus d’espoir. Ce gosse est épatant, c’est le meilleur cow-boy du cinéma moderne». Il ne se trompe pas sur son successeur. Le comédien fonde la Malpaso Company sur la suggestion de son agent Irving Leonard. Son but : contrôler sa carrière à travers les scripts qu’on lui propose. Pour l’aider, il embauche son ami, le producteur Robert Daley («Les incorruptibles»). Hollywood le considère enfin comme une tête d’affiche. Les Artistes Associés n’hésitant pas à lui offrir un cachet dé 400 000 dollars, plus 25 % des recettes de «Pendez-les haut et court» de Ted Post (1968). Un western de bonne facture. En dix semaines, le film est rentabilisé. «Le héros eastwoodien» est né aux États-Unis. Il affronte les monstres sacrés de l’écran : Richard Burton dans «Quand les aigles attaquent» de Brian G. Hutton (1969), Lee Marvin et Jean Seberg dans «La kermesse de l’Ouest» de Joshua Logan (1969). Avec Marvin, Clint parle beaucoup de Don Siegel. Il faut dire que c’est l’homme qui l’a découvert en 1952 dans «Duel sans merci». Eastwood n’a qu’une expérience avec Siegel pour «Un shérif à New York». Ça colle. Ils tournent ensemble «Sierra torride» (1970). Don Siegel est l’artisan de sa gloire avec la trilogie de «L’inspecteur Harry». Un type implacable, mais qui confond le personnage et l’acteur. Un dur à cuire. Eastwood affirme : «Politiquement, je ne suis rien. Je ne suis pas un extrémiste. Je trouve ceux de droite ou de gauche terriblement ennuyeux. On dit que Harry est un fasciste. Faux. On se gargarise de mots… Harry n’aime pas ceux qui violent la loi». Il brûle de mettre en scène. En 1971, il s’impose en tant que cinéaste avec «Un frisson dans la nuit». Il récidive avec «L’homme des hautes plaines». Un film d’amour : «Breezy», où il ne joue pas, faisant confiance à William Holden. De la comédie, en tant qu’interprète avec «Doux, dur et dingue» et sa suite. Il se fait plaisir avec «L’évadé d’Alcatraz». Le tandem Siegel-Eastwood frappe encore. Solide et efficace. En 1981, il surprend le Festival de Deauville où il présente «Bronco Billy». Le comique se mêle à l’action. Des grands espaces et de l’aventure. Sondra Locke devient sa meilleure partenaire de cinéma et aussi à la ville. L’hiver dernier, on le découvre plus ambitieux dans un sujet de science-fiction, «Firefox, l’arme absolue». Extraordinaires effets spéciaux de John Dykstra sur fond de guerre froide. Février 1983: si l’on en croit le Bangkok Post, Clint Eastwood aurait financé un raid raté au Laos. A-t-il apporté la somme de 30 000 dollars à un groupe de mercenaires américains (des anciens des forces spéciales) pour libérer des Gis? L’opération n’a pas réussi. Mais Clint Eastwood, qui n’a pas démenti l’information, a trouvé l’assurance d’éventuels droits cinématographiques. Et pour quelques dollars de plus !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *